La Crise Du Kosovo

« Ma faiblesse, c’est d’avoir cru que les Nations-Unies joueraient un rôle dans l’après-guerre froide. Celle-ci s’est soldée par la victoire de la superpuissance (les Etats-Unis) qui a toujours considéré que les Nations Unies devaient être une structure soumise à ses instructions. »
Boutros-Ghali

Les mésententes entre les deux principales communautés du Kosovo ; Serbes et Albanais, nedatent pas d’hier et sont liées à leur conviction mutuelle d’être les seuls habitants légitimes de cette région. Contextuellement, les changements qu’a entraînés la fin de la Guerre Froide ont mis un terme à la menace russe et donc réduit l’importance de l’article 5 du traité Atlantique. En effet, ce qui menace désormais les Etats-Unis et ses alliés n’est plus la Russie mais bien les questionsintra-étatiques. La plupart des menaces à la stabilité stratégique se situent donc à l’extérieur de la zone de l’OTAN, ce qui est bel et bien le cas de la crise du Kosovo de 1999. Il est donc intéressant de se poser les questions suivantes : Quelles étaient les réelles motivations des Etats-Unis d’intervenir dans cette zone-ci ? Pourquoi l’OTAN est-elle intervenue sans l’accord tacite du Conseil deSécurité des Nations Unies ? Et finalement peut-on vraiment parler d’un « nouvel ordre mondial » ?
Pour ce faire il est premièrement intéressant de faire un bref rappel de l’éclatement de la crise du Kosovo et de voir quelles ont été les actions de l’ONU ainsi que de l’OTAN afin de stopper les massacres. Dans un second temps, nous nous pencherons sur la mise à l’écart de l’ONU afin de favoriserl’intervention militaire de l’OTAN et nous poserons la question si cette intervention était légale ou non. Puis, nous évaluerons le rôle qu’on les Etats-Unis, l’OTAN et l’ONU dans ce … « nouvel ordre mondial » ?


Là n’est pas le but de l’exposé de développer les différents points de vue ni encore d’expliquer les différentes revendications des Serbes et des Albanais quant à l’histoire du Kosovo.Retenons simplement que les conflits les opposant sont dus à leur conviction mutuelle d’être les seuls habitants légitimes du Kosovo.
Venons-en directement à la fin des années 80 où les Serbes devenus très minoritaires et commençant à craindre de voir tout lien avec la Serbie coupé, protestent contre l’autonomie du Kosovo. En mars 1989, Slobodan Milosevic arrive au pouvoir en Serbie et vaprendre fait et cause pour la minorité serbe du Kosovo. Il réduit considérablement le statut d’autonomie du Kosovo et ceci en modifiant la Constitution serbe. Il instaure une politique consistant à nier les droits politiques et économiques des Kosovars albanais. Cela aboutit à une reprise du contrôle du Kosovo par la Serbie. Les Albanais vont alors se révolter contre la suppression de l’autonomie duKosovo, d’abord pacifiquement , puis violemment en raison de l’inefficacité de cette politique. Le Kosovo est alors déchiré par un conflit opposant un mouvement albanais appelé Armé de libération du Kosovo (ou plus communément appelé UCK) et les forces de sécurité serbes. Les massacres perpétrés par les Serbes au Kosovo vont faire plus de 2'000 morts civils et 300'000 Albanais vont alors êtreobligé quitter le pays. Les dirigeants occidentaux prennent alors conscience qu’une action militaire afin de freiner les massacres causés par la politique de Milosevic est nécessaire.
A ce même moment, Madeleine Albright est la première femme Secrétaire d’Etat des Etats-Unis. Elle va alors déclarer publiquement : « Nous n’allons par rester là, les bras croisés, à regarder les autorités serbes faireau Kosovo ce qu’elles ne peuvent plus se permettre de faire en Bosnie » . Ceci dans l’espoir de rallier des soutiens sur le plan international. Le 31 mars 1998, le Conseil de Sécurité vote la résolution 1160 qui décide d’un embargo sur les armes acheminées vers la Yougoslavie, y compris le Kosovo. Voyant que ceci n’a que peu d’effet dans la diminution des massacres et que Milosevic gravit un...