Diplomatie du football au brésil

Le football, vecteur d’influence

La diplomatie brésilienne utilise le football comme élément de sa diplomatie d’influence. Le Brésil participe en effet à une géopolitique du football (A), dans laquelle il est une véritable superpuissance (B), ce qui lui donne des moyens d’influence (C).

1 La géopolitique du football

Le soleil ne se couche jamais sur son empire, d’après PascalBoniface[1]. Le football peut être considéré comme un régime international, d’après la notion développée par Stephen Krasner, qui définit les régimes internationaux comme des ensembles explicites ou implicites de principes, de normes, de règles et de procédures de prise de décisions autour desquels les attentes des acteurs convergent dans un domaine donné des relations internationales[2]. Lefootball est un domaine des relations internationales, structuré par des règles (règlement du jeu), des normes (valeurs collectives, fair-play) et des procédures de prise de décision (organisation de la Fédération Internationale de Football Association (FIFA)).

On peut donc étudier les relations internationales sous l’angle de ce sport, apparu en Angleterre vers le milieu du XIXe siècle, etqui a été exporté ensuite sur tous les continents, par la voie des mers. Les marins anglais ont popularisé la pratique du football lors de leur passage dans les ports, ce qui explique pourquoi les premiers clubs de football créés en dehors de l’Angleterre l’ont étés dans des villes portuaires, comme Le Havre en France, Bilbao et Barcelone en Espagne. La diffusion du football suit ainsi lesrelations commerciales de la Grande-Bretagne, puis des autres pays européens colonisateurs. C’est ce qui explique la présence du football en Afrique ou en Amérique Latine[3].

La conquête du monde du football s’est faite par les ports, les chemins de fer, les autobus, et enfin la télévision. C’est aujourd’hui un empire universel, pacifique et populaire. On compte 270 millions de joueurs de foot en2006, soit 4% de la population mondiale[4]. Si l’on se penche sur la géographie du football, c’est en Europe que l’on rencontre le plus grand nombre de joueurs professionnels (60000, soit un professionnel sur deux dans le monde), et le plus grand nombre de clubs (202000), tandis que le plus grand nombre de joueurs amateurs se trouve en Asie (52 millions) et en Afrique (34 millions). Cecis’explique par l’ancienneté de ce sport dans les sociétés européennes, mais aussi par l’existence d’une économie du football très développée, et d’une institutionnalisation du football dans ces pays.

Au niveau de l’organisation, le football est structuré par une fédération internationale, la FIFA, créée en 1904 à l’initiative de la France, qui est une ONG de droit helvétique. Structurehiérarchique, la FIFA regroupe 208 membres, soit plus que les nations unies (192 membres). On y retrouve des territoires comme les Bermudes, les Iles Féroé, Aruba, Hong-Kong, la Palestine et la Nouvelle Calédonie (depuis 2005), qui ne disposent pas de la souveraineté nationale, mais ont une sélection nationale. La croissance du nombre de membres a suivie de près les grands événements géopolitiques, comme ladécolonisation ou la disparition de l’URSS et de la Yougoslavie.

La FIFA joue un rôle majeur, car elle détermine les règles et les normes du football, par l’International Board, les « maîtres du jeu », qui par exemple s’opposent à l’utilisation de l’arbitrage vidéo. Enfin, elle organise depuis 1930 la Coupe du Monde, qui oppose les sélections nationales de football et constitue le secondévénement sportif mondial après les Jeux Olympiques, avec des audiences cumulées qui se sont fortement développées depuis 1986, passant de 13,5 milliards de téléspectateurs à 26 milliards en 2006[5].

À l’échelon régional on trouve des confédérations regroupant les fédérations nationales[6], mais ne respectant pas toujours les limites géographiques, ainsi Israël fait partie de l’UEFA...