Estudiante

Quentin Ramond, Mathieu Flourens, Mounia Aït Allek 09/03/2011

Le mouvement autogestionnaire : quelle(s) forme(s) d’action(s) collective(s) ?
Une étude à partir des expériences françaises et argentines

S’intéresser à l’autogestion aujourd’hui peut apparaître comme un projet dénué de sens tant cette notion est taxé d’utopisme, de référence à l’anarchisme du XIXème siècle. Cependant,nous pouvons constater l’actualité de ce thème aujourd’hui à travers l’existence d’entreprises autogérées viables et pérennes. Ainsi, dans L’âge de l’autogestion (1976), Pierre Rosanvallon écrit que « l’autogestion n’est pas une doctrine du XIXème siècle, elle est la fille du XXIème siècle ». Nous nous intéresserons dans cette présentation aux expériences françaises et argentines.
D’une manièregénérale, une organisation autogérée est une organisation où « toutes les décisions sont prises par la collectivité qui est, chaque fois, concernée par l’objet de ces décisions. C’est-à-dire un système où ceux qui accomplissent une activité décident collectivement ce qu’ils ont à faire et comment le faire » (C. Castoriadis, Autogestion et Hiérarchie). Le mouvement autogestionnaire est substantiellementle mouvement portant cette revendication fondamentale. A cette revendication viennent se greffer d’autre projet constructivistes qui remettent en cause l’organisation et le fonctionnement de la production dans une économie capitaliste. Le mouvement autogestionnaire est donc contestataire et revendicatif, il vise à abolir et à construire une alternative.
L’autogestion et le mouvementautogestionnaire tire leurs origines historiques d’un double héritage pratique et intellectuel : L’histoire de l’autogestion, prend son essence dans les théories des socialistes (Fourier, Marx, Proudhon) et les anarchistes (Kropotkine) du XIXème siècle. Avec les conseils ouvriers d’après la première guerre mondiale (les Soviets en Russie), le contrôle des usines en Allemagne et en Italie, et l’expériencelibertaire lors de la guerre en Espagne de 1936-1939 l’autogestion a connu ses premières manifestations. Cette praxis et cette théorie nous montre que l’autogestion et le mouvement autogestionnaire sont hétéroclites et évoluent. Ils sont dans une dynamique processuelle. L’autogestion ne s’est jamais réalisée à grande échelle et de façon continue dans le temps ce qui a pour conséquence la difficultéd’en tirer des conclusions pertinentes ou de transposer les expériences.
Ainsi, en voulant étudier le mouvement autogestionnaire, nous nous sommes rendus compte que celui ci apparaissait plutôt sous des formes phénoménales ponctuelles et ne représente pas un modèle théorique parfait et figé. Nous avons choisi de mener une étude transnationale, d’abord pour montrer qu’il n’existe pas une unique formed’organisation, de fonctionnement et de débouchés du fait autogestionnaire, mais aussi pour montrer que les déterminants et les revendications d’une gestion collective des moyens de production ne présentent un caractère uniforme. Les expériences contemporaines montrent aussi que, comme le souligne Georgi, plusieurs courants l’ont interprété selon leurs convictions et ligne de pensée. En ce sens,« Gauchistes et réformistes, libertaires et technocrates, chrétiens et sociaux-démocrates, marginaux et syndicalistes s’en réclament».
L’enjeu de la présentation du mouvement autogestionnaire est donc de saisir ces moments événementiels et tenter d’en cerner des traits communs. Nous nous concentrerons sur le projet autogestionnaire qui s’est développé dans ces deux pays dans des entreprises àpartir d’expériences concrètes. Pour la France, nous pensons ici particulièrement à LIP (1973), mais aussi aux configurations autogestionnaires actuelles, notamment telles qu’elles ont pu être mises en place dans un cadre institutionnalisé (ex : SCOP). De même, nous nous focaliseront mouvements ouvriers amorcés par la crise du début des années 2000 en Argentine.
Ainsi, pourquoi, comment et...