Haiti
Dessalines voulait, par une cérémonie solennelle, célébrer la Proclamation de l’ Indépendence. En attendant, pour bien montrer qu’ il fallait oublier entièrement la France, il redonna à Saint-Domingue, (ce nom rappelait le système colonial et l’ esclavage) son nom indien d’ HAITI. |
Le 31 Décembre, les généraux se réunirent aux Gonaïves pour entendre lire l’ Acte de l’Indépendance.
“Pour rédiger cet Acte, avait dit Boisrond Tonnerre, il nous faut la peau d’ un blanc pour parchemin, son crâne pour écritoire, son sang pour encre et une baïonette pour plumes”. Et Dessalines, qui avait entendu ces paroles avec plaisir, lui répondit:” Boisrond, je te charge d’ exprimer au peuple mes sentiments à l’ égard des blancs”. Le 1er Janvier 1804, une foule immense et joyeuse sepressait sur la place d’ armes des Gonaïves autour de l’ Autel de la Patrie que dominait seul le Palmiste de la Liberté. Dessalines, entouré du brilliant cortège de ses généraux, gravit l’ Autel de la Patrie. Il prononça un discours qu’ il termina par ces paroles:’ Jurons de combattre jusqu’ au dernier soupir pour l’ Indépendance de notre pays!” Aussitôt de toute les poitrines, jaillit le sermentmille fois répétés:
“VIVRE LIBRE OU MOURIR”
Boisrond Tonnerre, debout à coté de Dessalines, donna ensuite lecture de l’ Acte de l’ Indépendance signé des principaux généraux de l’ Armée.
Proclamation de L’ Independence
Le 1er. Janvier 1804
Citoyens,
Ce n'est pas assez d'avoir expulsé de votre pays les barbares qui l'ont ensanglanté depuis deux siècles ; ce n'est pas assez d'avoirmis un frein aux factions toujours renaissantes qui se jouaient tour à tour du fantôme de liberté que la France exposait à vos yeux ; il faut, par un dernier acte d'autorité nationale, assurer à jamais l'empire de la liberté dans le pays qui nous a vus naître ; il faut ravir au gouvernement inhumain, qui tient depuis longtemps nos esprits dans la torpeur la plus humiliante, tout espoir de nousréasservir ; il faut enfin vivre indépendant ou mourir.
Indépendance ou la mort... Que ces mots sacrés nous rallient, et qu'ils soient le signal des combats et de notre réunion.
Citoyens, mes compatriotes, j'ai rassemblé en ce jour solennel ces militaires courageux, qui, à la veille de recueillir les derniers soupirs de la liberté, ont prodigué leur sang pour la sauver ; ces généraux qui ontguidé vos efforts contre la tyrannie, n'ont point encore assez fait pour votre bonheur... Le nom français lugubre encore nos contrées.
Tout y retrace le souvenir des cruautés de ce peuple barbare: nos lois, nos mœurs, nos villes, tout porte encore l'empreinte française; que dis-je? il existe des Français dans notre île, et vous vous croyez libres et indépendants de cette république qui acombattu toutes les nations, il est vrai, mais qui n'a jamais vaincu celles qui ont voulu être libres.
Eh quoi! victimes pendant quatorze ans de notre crédulité et de notre indulgence ; vaincus, non par des armées françaises, mais par la piteuse éloquence des proclamations de leurs agents ; quand nous lasserons-nous de respirer le même air qu'eux ? Sa cruauté comparée a notre patiente modération ;sa couleur à la nôtre ; l'étendue des mers qui nous séparent, notre climat vengeur, nous disent assez qu'ils ne sont pas nos frères, qu'ils ne le deviendront jamais et que, s'ils trouvent un asile parmi nous, ils seront encore les machinateurs de nos troubles et de nos divisions.
Citoyens indigènes, hommes, femmes, filles et enfants, portez les regards sur toutes les parties de cette île ;cherchez-y, vous, vos épouses, vous, vos maris, vous, vos frères, vous, vos sœurs; que dis-je? cherchez-y vos enfants, vos enfants à la mamelle ! Que sont-ils devenus ?... Je frémis de le dire... la proie de ces vautours. Au lieu de ces victimes intéressantes, votre œil consterné n'aperçoit que leurs assassins ; que les tigres encore dégouttants de leur sang, et dont l'affreuse présence vous...
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