La Procrastination

Comme beaucoup d'autres étudiants, je suis victime d'un mal qui s'explique mal. Ce mal, au doux visage et à la voix apaisante, se montre toujours sous son plus beau jour et offre un réconfort instantané. Mais il est hypocrite, menteur et manipulateur. Ce mal est la procrastination. Il est le sentiment d'un bonheur coupable et ceux qui en abusent, trouveront son jugement sans pitié. Toutes lesraisons sont bonnes pour lui : «je suis fatigué», «je n'ai pas la tête à ça ce soir» et «je le ferai demain». Personne ne peut lui échapper. Le seul moyen est de se connaître et d'apprendre à maîtriser la bête,apprendre à l'enfermer dans une cage.

Pour moi, la bête revêt ses plus beaux habits lorsque je reviens de m’entraîner. Je sais très bien que j'ai un travail à faire, mais sa douce voix vientchuchoter à mes oreilles:« Voyons, ce travail n'est pas à remettre avant encore deux semaines. Prends du bon temps, après tout, tu viens de t’entraîner pendant plusieurs heures et tu as eu une dure journée à l'école.» La procrastination est pour moi, à mon grand désarroi, un mal nécessaire. Je dois remettes certaines activités au lendemain. Oui, ses arguments sont souvent futiles et vides de sensmais je ne peux que m'y conformer. À mon avis, la seule manière pour de lui échapper est de mieux planifier mon horaire ou encore, à contrecœur, d'abandonner certaines activités, bien que ces activités soient en grande partie la source de mon retour sur le droit chemin. Mon principal problème, qui me dirige dans les griffes de la procrastination, est le manque de temps. Concilier étude, travail,entraînement et vie sociale est pour moi une tâche extrêmement ardue.

Bien que je dispose de beaucoup d'outils pour mieux gérer mon temps, ils constituent pour moi une source supplémentaire de travail. Toute ma vie, j'ai eu le plus grand dédain de ces outils : Agenda, horaire et calendrier. Je crois simplement que ma personnalité est ainsi faite. Je suis brouillon, désorganisé et pêle-mêle.Bien que parfois, il m'arrive d'établir un horaire avec les intentions les plus nobles mais, mon caractère naturel refait toujours surface. Je suis incapable de le respecter. Cette situation entraîne souvent de grands conflits et je dois faire des pieds et des mains pour ne pas sombrer dans ce tourbillon qui m’entraînera inévitablement au fond du baril et qui provoquera, sans aucun doute, l'échec demes objectifs.

D'autres causes me poussent aussi à procrastiner : l'incertitude, la peur de l'échec et parfois, même pour
moi qui dispose d'une confiance en soi solide comme le roc, un sentiment de remise en question à savoir si, tout ce que je fais en vaut la chandelle.

Les conséquences de cette attitude procrastinatrice sont réelles et extrêmement néfastes. En résulte un manège qui tourneen rond, je m'explique : Je n'ai pas fait mon travail en premier lieu car, j'avais peu de temps à y consacrer. Après, plus la date de remise se rapproche, plus la peur de l'échec se fait sentir, je finis par faire le travail, la corde au cou. De ce fait, le malaise ressentie à l'égard de ce travail vient inévitablement affecter le reste de ma vie. En conséquence de ma procrastination récurrente,tout les autres aspects de ma vie en souffrent. Je deviens carrément une loque, je me met à ressembler à ce que je méprise le plus au monde. Je suis le Bourreau de mon propre malheur, car cette hideuse bête qui est la procrastination, ne se présente pas seulement pour un travail, mais bien pour le reste des autres choses que j'ai à faire. Si j'ai pu remettre à plus tard un travail qui estétroitement liée à ma réussite scolaire, il est facile de projeter cette même réflexion pour le ménage, les courses et autres activités qui constituent la vie normale d'un adulte.

Je crois que ma première arme pour combattre cette bête sera de me donner des d'objectifs réalistes, au
jour le jour. Je dois prendre conscience qu'une tâche apparaissant comme une montagne, peut devenir un jeu...