Les aires protégées en foret : quelques defis pour demain
Buenos Aires, Argentina, 18-23 Octobre 2009
Les aires protégées en foret : quelques defis pour demain
Christian Barthod1
L’atteinte, au moins sur le papier, des objectifs quantitatifs fixés en 1982 par l’UICN en pourcentage de surface classée en aires protégées s’est révélé insuffisante pour arrêter la perte de biodiversité. Ce constat préoccupant conduità identifier sept défis majeurs pour rénover les politiques d’aires protégées, y compris en forêt : 1) améliorer la représentativité de ces surfaces protégées, avec une priorité pour les zones de "hot spot" de biodiversité ; 2) agrandir la taille moyenne des aires protégées en visant une meilleure prise en compte de la fonctionnalité écologique, ou de trouver des approches qui intègrent davantagela gestion des aires protégées avec celle des territoires environnants ; 3) comprendre qu’une politique d’aires protégées n’est jamais une pure politique scientifique, et que sa dimension culturelle doit être nécessairement prise en compte ; 4) lutter contre la fragmentation écologique en passant d'un e série d'aires protégées ponctuelles à un véritable réseau écologique, reposant sur des zonesnoyaux pour la biodiversité, reliées par des corridors ; 5) améliorer la gouvernance des aires protégées, afin de renforcer leur acceptabilité sociale et d’éviter que leur gestion pratique ne soit vidée de tout sens du fait de conflits ingérables avec les populations locales ; 6) essayer d’intégrer les changements climatiques dans la politique de création et de gestion des aires protégées, alors quela tolérance maximale acceptable pour beaucoup d'écosystèmes et d'espèces est de 2°C par rapport à la période avant l'ère industrielle ; 7) mettre en place des mécanismes financiers nationaux et internationaux compatibles avec une gestion durable des aires protégées. Plus globalement, l’approche scientifique et politique actuelle des aires protégées, en forêt oblige désormais à se poser lesquestions de ce qu’il y a autour des aires protégées, et de la biodiversité ordinaire, celle qui ne justifie pas la création d’aires protégées. Mais la nouveauté la plus marquante des dernières années est la découverte, ou plus exactement la redécouverte qu’il n’y a pas de politique de protection de la nature qui ne passe d’abord par une prise en compte des acteurs qui la font ou peuvent la défaire. Laprésente communication développe les défis 2, 3, 4 et 5. Mots clés: Aires protégées, dimension culturelle, réseaux écologiques, gouvernance.
L'objectif d’au moins 10% de la superficie terrestre classés en aires protégées (adopté par l’UICN 2 , lors du Congrès mondial des parcs, à Bali, en 1982, alors que le pourcentage n'était alors que de 3,5%) est désormais largement dépassé. Dans le cas dela forêt, 12,4% de la surface mondiale était déjà en 2003 en aires protégées, ce qui n'a cependant pas empêché une dégradation des autres surfaces forestières depuis 1992. Le classement en aires protégées de plus de 12% de la surface terrestre représente le type même de la malédiction chinoise "Que tous tes désirs soient exaucés", au regard de l’ob jectif affiché avec constance par l’UICN pendant25 ans. En effet ce n'est manifestement pas suffisant pour garantir la préservation de la biodiversité. Les sept défis majeurs pour l’avenir (au-delà du fait que certaines de ces aires formellement protégées ne le sont pas dans les faits) semblent désormais :
1
Sous-directeur des espaces naturels. Direction de l’eau et de la biodiversité Ministère de l’écologie, de l’énergie, du développementdurable et de l’aménagement du territoire. 20, avenue de Ségur, 75700 Paris, France. courriel : christian.barthod@developpement-durable.gouv.fr
2
L’Union mondiale pour la nature est le plus grand réseau mondial de la conservation de la nature, associant de façon tout à fait originale plus de 80 Etats, de 100 agences publiques et de 800 ONG.
1
XIII Congrès forestier mondial
Buenos...
Regístrate para leer el documento completo.