Les Zep : Pedegogie De La Reussite
Gérard Chauveau
Éliane Rogovas-Chauveau
Chargés de recherche INRP.
|Le bilan des ZEP dans le domaine de la démocratisation de la |
|réussite scolaire apparaît à la fois mitigé et contrasté. Beaucoup |
|reste à faire dans de nombreuses ZEP. ||La question des " savoirs " et des apprentissages scolaires est la |
|question centrale. |
|Les diverses stratégies éducatives adoptées ne sont efficaces que |
|si elles sont articulées aux objectifs cognitifs. |
|Démocratisation de l’école et démocratisation des pratiques |
|pédagogiques sont indissociables.|
En 1981, l’objectif officiel de la politique ZEP semble clair : " la lutte contre l’échec scolaire et les inégalités sociales devant l’école ", " la démocratisation de la formation scolaire " (circulaire du 1er juillet 1981). En 1990, le texte de la première " relance " des zones d’éducation prioritaires rappelle qu’il s’agit de " promouvoir la réussite de tous lesélèves et particulièrement dans les zones défavorisées " (circulaire du 1er février 1990).
On dispose, depuis quelques années, d’une série de données qui permettent de mieux apprécier l’ampleur de la tâche. Nous nous intéresserons ici en particulier à l’un des apprentissages fondamentaux qui est considéré comme l’une des clés de la formation et de la réussite scolaires : la lecture.
L’analyse desévaluations nationales CE2 et 6e indique que 18 % des élèves hors ZEP et 37 % des élèves en ZEP ne maîtrisent pas les " compétences de base " de la lecture à l’entrée du CE2 (A. Brizard, DEP, 1995). Pour l’ensemble de la population scolaire des 8-9 ans, il y a deux fois plus d’élèves en difficulté de lecture dans les écoles ZEP que dans les écoles hors ZEP.
On estime généralement que 10 à 15 % desélèves entrant en 6e sont de très faibles lecteurs (voire des " illettrés scolaires "). Cette proportion passe à un tiers dans certaines ZEP dites sensibles ou difficiles.
D’autres études montrent que les élèves en ZEP – et d’une manière générale les enfants de milieu social défavorisé – se caractérisent par une grande dispersion de leurs performances en lecture. À la fin du CP, par exemple, ladispersion des scores est bien plus grande chez les enfants de travailleurs immigrés que chez les élèves appartenant aux classes moyennes. On trouve chez les premiers (élèves ZEP issus de l’immigration) à la fois un groupe de " bons lecteurs débutants " qui obtient des résultats comparables à ceux des enfants des classes moyennes et un groupe de " faibles " plus nombreux et plus faibles que dans lesmilieux plus favorisés. Autre exemple : dans un même collège ZEP, les résultats en lecture (vitesse et compréhension) des élèves de 6e peuvent varier de 1 à 10.
On sait aussi que la concentration d’élèves de milieux défavorisés va souvent de pair avec de moins bonnes performances scolaires (A. Mingat, 1994). Ainsi, à milieu social équivalent, un élève scolarisé en ZEP a en moyenne des résultats(en lecture et en mathématiques) légèrement moins bons que dans un établissement hors ZEP (DEP, 1992 ; D. Meuret, 1994).
Enfin, plusieurs recherches indiquent que ce sont les enfants d’origine populaire et les élèves faibles qui sont les plus sensibles aux variables pédagogiques et à l’environnement scolaire (P. Bressoux, 1994 ; D. Meuret, 1995). C’est sur eux notamment que " l’effet maître " jouele plus. C’est avec ces deux publics – les élèves de milieu défavorisé et les élèves faibles – que " la qualité " ou " l’efficacité " des maîtres semble la plus déterminante.
On voit par conséquent que les acteurs des ZEP et les décideurs responsables de la politique des ZEP (ou de l’éducation prioritaire) sont confrontés à quatre problèmes pédagogiques majeurs :
– le nombre élevé...
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