Literatura Francesa
Par Charles Perrault
Mais venons au fait, s'il vous plaît : à la réserve de ma laideur, y a-t-il quelque chose en moi qui vous déplaise ? Etes-vous mal contente de manaissance, de mon esprit, de mon humeur, et de mes manières ?"
-" Nullement”, répondit la princesse, " j'aime en vous tout ce que vous venez de me dire."
-" Si cela est ainsi" , reprit Riquet à la houppe," je vais être heureux, puisque vous pouvez me rendre le plus aimable de tous les hommes."
-" Comment cela se peut-il ?" lui dit la Princesse.
-" Cela se fera" , répondit Riquet à la houppe, " sivous m'aimez assez pour souhaiter que cela soit; et afin, Madame, que vous n'en doutiez pas, sachez que la même fée qui au jour de ma naissance me fit le don de pouvoir rendre spirituelle qui meplairait, vous a aussi fait le don de pouvoir rendre beau celui que vous aimerez, et à qui vous voudrez bien faire cette faveur."
-" Si la chose est ainsi" , dit la princesse, " je souhaite de tout moncœur que vous deveniez le prince du monde le plus beau et le plus aimable; et je vous en fais le don autant qu'il m'est possible."
La princesse n'eut pas plus tôt prononcé ces paroles, que Riquet àla houppe parut à ses yeux l'homme du monde le plus beau, le mieux fait, et le plus aimable qu'elle eût jamais vu. Quelques-uns assurent que ce ne furent point les charmes de la fée qui opérèrent, maisque l'amour seul fit cette métamorphose. Ils disent que la princesse ayant fait réflexion sur la persévérance de son amant, sur sa discrétion, et sur toutes les bonnes qualités de son âme et de sonesprit, ne vit plus la difformité de son corps, ni la laideur de son visage, que sa bosse ne lui sembla plus que le bon air d'un homme qui fait le gros dos; et qu'au lieu que jusqu'alors elle l'avaitvu boiter effroyablement, elle ne lui trouva plus qu'un certain air penché qui la charmait; ils disent encore que ses yeux, qui étaient louches, ne lui en parurent que plus brillants, que leur...
Regístrate para leer el documento completo.