Pastorale. Proposer La Foi
Par Henri Derroitte
J’ignore si vous avez fait ce constat : de plus en plus, l’Église contemporaine, en Belgique, en France, en Allemagne, en Amérique du Nord, parle avec abondance de la mission. Tout ce qui se fait ou devrait se faire dans la pastorale s’explique par « la mission ». C’est vrai tout particulièrement pour un chantier prioritairefréquemment ouvert : celui du réaménagement des paroisses. Voilà que ce mot vieilli, honni par beaucoup, évité depuis la décolonisation, retrouve une nouvelle jeunesse ! Faut-il s’en réjouir ? Les évêques belges dans leur déclaration « le semeur est sorti pour semer » n’hésitent pas à écrire : « Dans la mesure où nous prenons à bras le corps notre mission d’annoncer l’Évangile, celle-ci devient unesource de renouveau pour l’Église entière »[1].
Les choses sont plus complexes qu’il n’y paraît à première vue. Alors que la plupart des projets de renouveau paroissial justifie des changements à opérer par référence à un objectif missionnaire à tenir[2], une réflexion fondamentale sur ce qu'implique en un lieu et en un temps une démarche "missionnaire" est finalement peu présente. Stimulépar ce qui s'est passé pour la catéchèse, il s'agirait, par exemple, de penser aux rapports entre la "proposition" (je propose à l'autre) et l'écoute (l'autre me parle), entre la stabilité d'une communauté réunie chaque dimanche pour célébrer l'eucharistie et la mobilité des premiers contacts missionnaires, etc. Plus profondément sans doute, c'est une invitation à lier en paroisse le désird'annoncer missionnaire et le besoin incessant d'auto-évangélisation des évangélisés[3].
Le plan de cet exposé est divisé en quatre parties. Nous commencerons par explorer le sens qu’a pris au début de ce siècle le mot « mission ». Plus exactement, nous nous interrogerons sur les implications pastorales d’une juste perception de ce concept.
La deuxième partie examinera 5 verbesutilisés actuellement pour décrire la manière de transmettre le message chrétien à nos contemporains. Quelle forme peut prendre aujourd’hui cette formule des évêques belges : « envoyés pour annoncer » ?
Notre troisième partie traitera des projets pastoraux : à nouveau, nous évoquerons cinq scénarios, cinq manière de concrétiser l’engagement chrétien au service de la mission . Alors que ladeuxième partie envisageait la mission dans la démarche existentielle qui la sous-tend, celle-ci l’envisage dans ses aspects globaux : comment les projets pastoraux actuels traitent-ils les relations Église-monde et comment conçoivent-ils la mission de l’Église ?
Enfin, notre quatrième et dernière partie, plus spirituelle, examinera les liens entre mission et dépouillement, entre kénoseet pudeur. La perte du prestige social encouru par le christianisme occidental est peut-être une chance pour la foi chrétienne : elle lui facilite le retour à l’intuition première, Dieu ne s’impose pas, il se cherche et se désire ; la discrétion de Dieu manifestée dans le parcours de Jésus est une invitation à une spiritualité missionnaire neuve.
1. Mission : que signifie ce mot en2003 ?
« En fin de compte, l’enjeu de la mission est un enjeu théologique. Son but n’est pas la survie, l’expansion, la glorification de l’Église, mais la révélation plus entière du Dieu de Jésus Christ dans son dessein de salut pour tous les hommes »[4] . Dieu offre à l’homme une nouveauté de vie. En Christ, Dieu se communique lui-même aux hommes. Animée par l’Esprit de Jésus, l’Églisetémoigne et annonce, depuis la Pentecôte, le salut en Jésus-Christ.
La deuxième moitié du 20ème siècle a fait profondément évoluer concept de la "mission" évangélisatrice. Pour simplifier, on se contentera ici de noter quatre mouvements évolutifs.
Premier trait : Du côté de l'Eglise catholique, c'est autour du concile Vatican II que la mission a cessé d'être une fonction spécialisée,...
Regístrate para leer el documento completo.