Traduction en français de manuel mujica láinez, cuentos inéditos. planeta, 1993
| |A l’ « Auberge de la Pomme d’Adam » quelques écrivains et dilettantes avaient leurs quartiers et avaient pour |
| |habitude dephilosopher devant sa cheminée bien pourvue. C’était une vieille hôtellerie dont les murs mauresques, |
| |blanchis à la chaux, brillaient à la lumière de la lune. Là, entrela fumée des pipes et le choc des verres, les |
| |bohèmes faisaient débauche d’esprit et de bonne humeur. Une fois, par pure curiosité, je visitai cet établissement.|
| |L’intérieur consistait en une salle d’une capacité de vingt tables. Sous la lumière trouble des candélabres, on |
| |devinait à peineles visages des joyeux écrivains ; mais de bruyants éclats de rire trahissaient leur présence. Je me|
| |souviens que mon attention fut attirée par un homme qui, avec undédain aristocratique, ne semblait pas vouloir se |
| |joindre aux autres. La lumière vacillante d’un cierge lui tombait en plein visage où elle peignait de grandestouches|
| |d’or. Il était grand et fin. Il évoquait les toiles vaporeuses de Holbein et des maîtres flamands. Ses cheveux raides|
| |et sa barbeblonde le faisaient un peu ressembler à Saint Jean l’Evangéliste. Mais ce furent ses yeux, |
| |merveilleusement purs et bleus, pleins de douceur, quim’impressionnèrent le plus. Il était debout, appuyé contre le |
| |linteau d’une porte, et fumait lentement une longue pipe de porcelaine allemande. J’ignore de quelle manière je liai || |connaissance avec lui. Comme par magie, je me retrouvai assis face à lui, à une table sur laquelle brillaient deux |
| |gros verres de...
Regístrate para leer el documento completo.