Traidor

« Je n’ai aucun problème avec ça. Seulement, l’erreur est Humaine. »

Le demi-lexomil pris de la boîte subtilisée de ma grand-mère fait effet. J’étais passioné il ya quelques minutes, recroquevillésur moi-même, pleurant mes larmes, hoquetant, toussant. Je cherchais à pleurer tout en voulant – à tout prix, ne pas être entendu. Ne pas céder, rester un homme. Me voici devant la page, mais je nevais pas parler d’elle. Elle serait flattée, on dirait, et je dois rester un homme. Pourtant je me tendais vers elle, ce mur de sentiments, ce fouilli irréactif, cette impératrice douairière, qui a régile monde depuis sa création, qui connaît tout et n’hésite pas. Sait jouer de tout, de son corps, de ses touches, de sa voix, de sa tête, de ses catégorismes. Qu’elle vous accorde un sourire, et vousbrillez, qu’elle l’ôte, et vous n’aurez jamais senti que du vide.
Voilà une autre ambiguïté de l’acte à l’aube d’être posé. Vous voici plongé dans une toile, au sein d’un tube. Ce tube, droit, estla finalité, la structure, l’acte pur comme il s’est imposé à vous quelques centièmes de secondes auparavant. Vous filez dans ce tube, et pourtant, des filaments vous touchent, vous chatouillent. Cesont les scrupules, les calculs et les peurs. Chacun touchant, enserrant votre bras votre langue vos membres et vos seins. Et l’on hésite, ce principalement lors de l’acte de communication écrite,immédiate, lorsqu’une tournure vous paraîtra trop affectueuse, pour un ami peu cher, vous l’ôterez, et inversement. Un mot mal placé, vous donnant mauvais profil, l’insulte branchée se heurtant à lacourtoisie du calembours. On devient schyzophrène, à entendre telle voie, à se demander qui aurait fait quoi dans telle situation, après avoir trié sur le volet, les personnes au profil le plusavantageux pour fournir une réponse correcte. Ces fils vous ensserent, et bloquent votre progression. Vous arrêtez. N’ayez pas d’amis, la tâche est plus simple. Ou prenez garde, avant chaque acte, de vous...