L'étranger de camus (en francés)

ALBERT CAMUS

Albert Camus est né le 7 novembre 1913, à Mondovi, dans le Constantinois. À la terre natale, il vouera un amour profond, indéfectible, qui nourrira ses premiers écrits. Et c’est en Algérie qu’il situera ses deux œuvres les plus célèbres : L’Étranger et La Peste.
Élevé à Alger, dans le quartier populaire de Belcourt, il eut une enfance très pauvre. Pauvreté dont il parle avecinsistance dans certains de ses œuvres et qu’il revendiquera fièrement : « Je n’ai pas appris la liberté dans Marx, il est vrai : je l’ai apprise dans la misère ».
Camus avait dix-sept ans quand la tuberculose pulmonaire, dont il ne guérit jamais, vint l’éloigner du sport et contrarier sa vie d’étudiante. Après s’être orienté, sous l’influence de Jean Grenier, vers la philosophie et avoir passé undiplôme d’Études supérieures sur « les rapports de l’hellénisme et du christianisme à travers les œuvres de Plotin et de saint Augustin », il dut renoncer à l’agrégation et, du même coup, au professorat. La vie bourgeoise et rangée du fonctionnaire n’était pas inscrite dans sa destinée…
Pour poursuivre ses études, il avait dû pratiquer de petits métiers : vendeur d’accessoires d’automobiles,commis chez un courtier maritime – comme le Meursault de L’Étranger – employé de préfecture. Il acquit ainsi une expérience humaine et populaire qui manque aux universitaires purs. Ces menues besognes ne l’empêchèrent ni de lire (Gide et Malraux, entres autres), ni de se marier, ni de faire de la politique (il s’inscrivit au parti communiste en 1934), ni de voyager, ni de diriger la maison de laculture á Alger, ni, surtout, de faire du théâtre. Il fonde, en effet, une troupe appelée théâtre du Travail ou théâtre de l’Équipe, au sein de laquelle il apprend tous les métiers de la scène, y compris celui d’acteur.
Le goût de l’action et la volonté d’écrire conjugués devaient pousser Camus vers le journalisme. Ses premiers pas dans cette voie, il les fait, en 1938, à Alger républicaine, organed’extrême gauche, où il publie quelques reportages retentissants. Il inaugure par là ce rôle de défenseur des opprimés qui le fera protester, en 1945, contre les massacres de Sétif et le bombardement d’Hiroshima, en 1947, contre les répressions à Madagascar.
N’ayant pas réussi à s’engager dans l’armée au début de la guerre, par suite de son état de santé, il passe en France et vient occuper lemodeste emploi de secrétaire de rédaction à Paris-Soir. Tout en faisant sa part à la vie privée été n travaillant à son œuvre (L’Étranger en particulier) il entre dans la Résistance et milite au sein du mouvement clandestin Combat. Malade, et coupé de l’Afrique du Nord par le débarquement allié à Alger il remplit les fonctions de lecteur aux éditions Gallimard. À la Libération, il devientrédacteur en chef du journal Combat. Quand il quitte ce poste, en 1947, ses éditoriaux l’ont rendu célèbre.
Entre-temps, il est vrai, le monde des lettres a appris à le connaître : en 1942, L’Étranger l’a révélé au public ; Le mythe de Sisyphe a affirmé un essayiste de grande classe ; Caligula a été un vif succès et La Peste a reçu le prix des Critiques et achevé de placer son auteur au tout premierrang des écrivains de sa génération.
Le Prix Nobel de littérature, reçu le 17 octobre 1957, couronne un écrivain doublement engagé : sur le plan artistique comme sur le plain humain : « Je ne puis vivre personnellement sans mon art. Mais je n’ai jamais placé cet art au-dessus de tout. S’il m’est nécessaire, au contraire, c’est qu’il ne me sépare de personne et me permet de vivre, tel que je suis,au niveau de tous. »

Regards sur l’ouvre

Les ouvrages de Camus se laissent facilement répartir en trois grands genres : l’essai, le théâtre et le roman. Mais à cette division un peu formelle, il est permis d’en préférer une autre : celle qui distingue, dans l’histoire de l’œuvre, comme dans celle de l’homme, des étapes, ou si l’on veut, une évolution.
Composés à des dates sensiblement...