Feuilles de plantain
La tribu des Nukak Makú est probablement la dernière tribu qui soit entrée en contact avec la culture colombienne actuelle1, et l’un des derniers groupes nomades dans le monde. Ils descendent des Makú2,indigènes nomades qui ont voyagé pendant des siècles dans la partie nord-est du fleuve Amazonas, actuellement une zone partagée entre le Brésil, la Colombie et le Pérou, et partagent leurs expériences avec d’autres groupes ainsi qu’avec la nature. La population actuelle ne dépasse pas les 500 personnes, divisées en groupes de 30 personnes environ, chacun possédant son territoire et son propreleader. Ils rejettent le sédentarisme pour ainsi connaître avec perfection la forêt où ils sont situés, (d’ailleurs, ils effectuent en moyenne 180 déplacements par an) et ont développé des connaissances impressionnantes dans les domaines de la zoologie, la botanique, la chasse et l’architecture. Leur constante mobilité fait qu’ils n’ont pas de compétences dans l’agriculture, mais ils ont su compenserce besoin en recueillant des végétaux sylvestres, des insectes et du miel. Décimés par la violence, et l’arrivée de la grippe, maladie qu’ils ne connaissent pas avant leur premier contact avec d’autres personnes, leur communauté est mise en danger. Les habitations des Nukak-Makú, les Wapji, sont toujours éphémères, à proximité des fleuves ou rivières où ils s’emplantent pour quelques jours, defaçon organisée. En créant des chemins ancestraux, indéchiffrables pour un occidental, ils commencent à s’implanter en spirale, qu’ils établissent de façon méthodique et répétitive chaque fois qu’ils choisissent un nouvel emplacement. Chacune des familles est en charge de créer sa propre maison en respectant l’implantation du chef de la tribu, et l’ensemble du campement est à l’usage de seshabitants, puis abandonné pour que la forêt « récupère » son espace. Ils s’installent entre un et vingt jours, et au moment de partir, laissent le campement intact.
Les Wajpi L’emplacement se fait en fonction du chemin préétabli et par rapport aux conditions du terrain puisqu’il est important, voir fondamental, d’établir un campement circulaire. Etant donné que les seuls matériaux sont ceux offerts parla nature, ils ont inventé des techniques innovatrices pour ériger leurs Wajpi. Les arbres deviennent la structure des habitations, soit utilisés comme poteaux, soit coupés et mis en place perpendiculairement. En même temps, un autre est disposé de façon transversale pour
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Cette communauté a été découverte dans les années 80 dans la région du Guaviare, installée dans la forêt Amazonienne,au sud-est de la Colombie, et limitrophe avec le nord-ouest brésilien. 2 En français : Personne sans parents au sein de l’ethnie Arawaka qui peut être livrée à l’esclavage ou à la vente.
créer des courbes et assurer une stabilité à l’ensemble de la structure, ainsi qu’un écoulement de l’eau vers les cotés. La feuille de Plantain joue un rôle important dans les Wajpi puisqu’elles donnent undouble apport à la communauté Nukak-Makú : les plantains apportent de la nourriture à leurs habitants, et leurs feuilles leur offrent un abri. Pour eux, ce fruit offert par la forêt possède une valeur plus que fonctionnelle. Les habitants profitent du matériau, tout en respectant principalement sa forme, son environnement, son goût, et l’incorporent à leurs outils. C’est bien pour cela qu’une fois lecampement abandonné les Nukak-Makú laissent les structures intactes, pour que les feuilles soient de nouveau en harmonie avec leur milieu. Au fil du temps, ces structures s’intègrent rapidement à l’existant. Cette façon de construire n’a pas souffert des grands changements3, si nous prenons en compte le contact avec les « blancs ». De même, Il est important de remarquer que ces œuvres vont au...
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