Liberalisme Remis En Question
Tous les ans, à la fin de l’été, les gouverneurs des banques centrales des grands pays se réunissent à Jackson Hole, auxEtats-Unis, pour discuter des affaires du monde. Or la surprise fut grande, en août dernier, d’y entendre nos élites monétaires, si souvent promptes à chanter les vertus innées du libéralisme économique,afficher désormais leurs doutes.
Ben Bernanke, le gouverneur de la Réserve fédérale américaine, a ouvert le bal. Sa contribution se proposait de repérer ce qu’il y a de commun et de différent dans lamondialisation contemporaine par rapport aux épisodes précédents de mondialisation [1]. Le ton a surpris dès le début, avec une phrase largement reprise et commentée dans la presse anglo-saxonne. Face auxpartisans de la « mondialisation heureuse » et à ceux de « l’horreur économique », Bernanke commence par affirmer que si « le rythme des changements économiques mondiaux a été stupéfiant au cours desdernières décennies […], les implications totales de ces changements sur tous les aspects de notre vie ne seront pas connus avant de nombreuses années ». En clair, nos élites politiques poussentdepuis plus de vingt ans à la mise en œuvre d’un libéralisme économique auquel nous sommes sommés de nous adapter sous peine d’archaïsme mais dont personne ne peut mesurer les effets et que nous ne seronsà même de connaître que dans longtemps…
Cela dit, il est un effet du libéralisme économique sur lequel Ben Bernanke a été très clair dans la suite de sa présentation : « une dislocation sociale, etla résistance sociale qui l’accompagne souvent, peut survenir lorsque les économies s’ouvrent ». C’est d’ailleurs là l’un des points communs aux différents épisodes de mondialisation. A la fin du XIXesiècle, rappelle le gouverneur, les propriétaires terriens anglais, français et allemands ont vu le rendement de leurs terres s’effondrer par le recours aux investissements dans les pays émergents...
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