Charlemagne
1. Le successeur de Pépin
Fils aîné de Pépin III et de Berthe dont le père, Caribert, comte de Laon, appartenait à la haute aristocratiemérovingienne, Charlemagne naquit en 742, peut-être le 2 avril, peut-être dans un des palais royaux de la vallée de l'Oise ou de l'Aisne. Si son instruction première fut certainement négligée, comme l'était à ce moment-là celle des laïcs, il semble cependant avoir été initié par Pépin à la connaissance des hommes, à la pratique gouvernementale et aux devoirs de la royauté à l'égard de l'Église. Il assistatout jeune à la visite que fit à son père le pape Étienne II et reçut, des mains de ce dernier, le sacre royal (754). Avant de mourir, Pépin, fidèle à la coutume qui avait longtemps prévalu chez les Mérovingiens, partagea le royaume entre ses deux fils (768); les régions qui furent attribuées à Charles entouraient celles de son frère Carloman comme d'un arc de cercle: c'étaient l'Austrasie avec sesdépendances germaniques (Frise occidentale, Hesse, Franconie, Thuringe), la Neustrie et l'Aquitaine maritime.
Les deux rois, qui résidaient à quelque distance l'un de l'autre, Charles à Noyon, Carloman à Soissons, ne s'entendaient guère. En vain leur mère essaya de les rapprocher. Pour prévenir des motifs de conflit au dehors, elle négocia le mariage de Charles avec une fille de Didier, roi desLombards. Mais cette politique ne fit qu'aggraver la situation parce qu'elle isola Carloman et qu'en Italie Didier se crut libre de reprendre ses manœuvres contre la papauté. La mort de Carloman (771) épargna aux Francs la guerre ouverte entre les deux frères. Charles répudia la princesse lombarde et, sans réserver les droits de ses neveux, prit aussitôt possession de l'héritage de son frère. Ilunit ainsi toute la Francie sous sa direction: un grand règne commence alors, dont l'aspect le plus visible est l'expansion, la «dilatation» du royaume.
2. Le conquérant
Cette conquête se fit sans plan préconçu, Charlemagne utilisant au mieux les circonstances qui se présentaient. Jamais il ne put se consacrer à une seule tâche et la mener immédiatement à bonne fin, parce qu'il fut toujoursobligé de conduire simultanément plusieurs opérations. Il en commence une, l'abandonne momentanément pour s'occuper d'une autre et reprend ensuite la première au point où il l'avait interrompue. Ses moyens militaires, bien qu'appréciables, sont limités. Il le sait et avance pas à pas.
Dès 772 commencent les campagnes contre les Saxons. Ce sont d'abord, comme sous Pépin III et Charles Martel, desexpéditions de représailles répondant à des raids lancés contre les confins francs, au cours desquelles se précise cependant bientôt l'intention de créer une marche puissamment fortifiée entre la Lippe et la Diemel, destinée à mettre le royaume à l'abri de nouvelles offensives. En 773, Charles fut distrait de ces opérations par un appel au secours du pape Hadrien, directement menacé par Didier quimarchait sur Rome. Le roi des Francs franchit les Alpes, s'empara de Pavie après un long siège, reçut la soumission de toutes les régions du royaume de son adversaire et se proclama lui-même roi des Lombards (774). Les opérations se poursuivirent ensuite contre les Saxons; plusieurs chefs ayant fait leur soumission et ayant promis de se faire baptiser, la Diète qui se tint en 777 à Paderborn...
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