Le Devenir Des Sociétés

Chapitre 5
Le devenir des sociétés

Introduction :
La réflexion sur le devenir, sur le changement des sociétés part d’un constat : les sociétés humaines se distinguent des sociétés animales en ceci qu’elles ne sont pas immuables, c’est à dire qu’elles changent dans le temps, qu’elles se transforment.
Le premier à avoir mis en exergue ce fait est Pascal dans la préface au traité du vide.Deuxièmement, ce devenir des sociétés, ou plus exactement, la compréhension du devenir des sociétés ne peut pas s’exprimer simplement en terme d’explications mécanistes. Ce qui caractérise la mécanique, c’est sa réversibilité. Le temps d’une machine est réversible, c’est l’éternel retour du même. Là précisément, on a affaire à des sociétés en devenir, c’est à dire que leur temporalité n’est pascirculaire, mais linéaire.
Et donc, on ne peut pas expliquer mécaniquement le devenir des sociétés en tant que tel.

Conséquence : on ne peut pas réduire la connaissance des sociétés humaines à leurs explications scientifiques (de type mécaniste). Si bien qu’une catégorie indispensable à la compréhension du devenir des sociétés est la catégorie de cause finale.
L’intelligibilité du devenir dessociétés suppose de ne pas se limiter aux rapports de causalité mécaniques, mais d’introduire la notion de cause finale. Deux questions essentielles se posent :
L’idée de cause finale est que le devenir des sociétés est orienté vers une fin, et alors, la question qui se pose est, quelle est cette fin qui constitue le terme de l’histoire ? Ce vers quoi est orienté le devenir des sociétés. S’il y ena une, quelle est-elle ?

Deuxième question essentielle. Qui dit fin, dit commencement, donc avant de pouvoir identifier la fin qui rend intelligible le devenir des sociétés, il faut s’efforcer de se rendre intelligible le commencement, le ou les principes des sociétés humaines : ce qui constitue le commencement, le principe même des sociétés.

Pourquoi les sociétés humaines sont elles endevenir, contrairement aux sociétés animales ?

I) LES PRINCIPES DE LA SOCIÉTÉ HUMAINE ;
A) LA RAISON EST PRINCIPE DE DEVENIR ;

Pascal dans la préface au traité du vide a mis en évidence que la raison est principe de progrès.
Pourquoi ? Parce que, justement, ce qui distingue l’homme de l’animal est qu’il ne transforme pas instinctivement la nature, et donc, il doit se servir de sa raison pourtransformer efficacement la nature, et par là même, satisfaire de manière efficace ses besoins.
La raison va d’abord se représenter ce qu’elle doit transformer : la nature, et à partir de là, elle va définir les règles qui vont lui permettre de la transformer en produisant des outils, des instruments, et des produits finis (objets de consommation).
Donc, ce qui est d’abord principe de progrès,c’est cet aspect de la raison que Bergson appelle l’intelligence fabricatrice.
Les hommes sont capables de définir la règle de leur production (puisque c’est une règle réfléchie, fruit de la raison, pas de l’instinct), et donc son capables de communiquer cette règle, et donc, ceux à qui sont communiquée cette règle sont capables d’en faire l’objet de leur réflexion et par là même de l’améliorer.Donc ce qui caractérise l’intelligence fabricatrice est qu’elle est le principe du progrès technique.
→ Évidemment, le progrès technique est un des aspects du devenir des sociétés.

Pour autant, on ne peut pas réduire la question du devenir des sociétés au progrès technique, et on ne peut pas réduire les principes du devenir des sociétés à l’intelligence fabricatrice, pourquoi ?
Parce que, cequi caractérise le progrès technique, c’est qu’il est formidablement ambigu, ambivalent. Le progrès technique peut tout aussi bien servir à des fins destructrices pour l’humanité qu’à des fins créatrices (énergie atomique : sa maitrise peut tout aussi bien servir à produire de l’énergie électrique, qu’à servir à la production d’armes de destruction massives).
Qui plus est, l’intelligence...