Rôle de l´imitation précoce dans les interactions du nourrisson avec ses partenaires

1 –INTRODUCTION

On a cru pendant longtemps que le fœtus, à l’abri dans le ventre maternel, ne percevait rien et n’éprouvait rien jusqu'à la naissance. Les recherches récentes montrent que non seulement le fœtus perçoit de nombreuses sensations mais que celles-ci sont indispensables à sa croissance et contribuent à son développement harmonieux. Parmi les découvertes récentes concernant lescapacités du nourrisson, des chercheurs on identifié l´imitation précoce, qui recouvre l´ensemble des comportements imitatifs observables de la naissance à l´âge de six mois. Son existence avait déjà été avancée en 1882, pour la première fois par Wilhem PREYER, physiologiste et psychologue allemand. ZAZZO (1957) confirmera l´apparition de l´imitation du mouvement de protrusion de la langue entre 7 et25 jours. Cependant les premiers résultats issus de recherches scientifiques ne feront leur apparition qu´à partir des années 70, il s´agit notamment des expériences de MELTZOFF et MOORE (1977) qui ont remis en question la façon dont l´imitation a été appréhendée au sein de la psychologie du développement. Leurs études, effectuées avec des nourrissons, ouvraient des perspectives dans les domainescognitifs et social. Ces chercheurs avancent l´existence d´équivalences intermodales innées chez l´homme. D´autres recherches vont dans le sens de l´existence d´une coordination vision-préhension précoce, et d´un système de représentation qui permettrait une connaissance unifiée et cohérente du monde. L´étude des imitations de nourrissons pourrait sembler anecdotique pour tout un chacun, maisd´un point de vue scientifique elle représente, en fait, un intérêt tout particulier car les chercheurs ne sont pas arrivés à un consensus concernant son existence et son rôle. Ces études permettraient notamment d´apporter des éléments d´information importants pour l´étude de sujets présentant des pathologies, telles que l´autisme, qui se caractérise par des troubles de la communication associés à uneincapacité à imiter, en particulier dans les situations d´imitation en différé (NADEL, 2002). En effet, lorsque le bébé n´interagit pas par imitation, il est nécessaire d´évaluer la possibilité d´un trouble cognitif ou neurologique. La précarité ou l´absence d´interactions entre l´adulte et le nourrisson auraient également une influence importante sur le développement de ce dernier. L´imitationprécoce pourrait donc jouer un rôle dans le maintien de l´interaction sociale entre le bébé et l´adulte. Le bébé imite et se fait à son tour imiter par l´adulte, cette interaction instaure le début d´un échange avec un être qui ne sait pas encore s´exprimer par le langage. BRUNER (1970), MELTZOFF & MOORE (1977), BUTTERWORTH & HOPKINS (1988) et FONTAINE (1988) considèrent l´imitation précoce, nonpas comme un simple acte réflexe, mais comme un acte intentionnel. Ce qui conduit à réfléchir sur l´échange émotionnel qui se produit au travers de l´imitation, puisqu´il constituerait une base de la communication sociale précoce où des émotions seraient partagées de façon simultanée. Partant de l´hypothèse que l´imitation fait partie des compétences innées du nourrisson, l´objectif de laprésente recherche est de tenter de mettre en évidence qu´un bébé âgé de deux mois est capable de sélectionner ses partenaires, et de distinguer un partenaire qui instaure un véritable échange affectif avec lui. Dans cette optique, le paradigme de recherche proposé devrait démontrer que le nourrisson montre une préférence pour certains partenaires et qu´il s´efforce de poursuivre un échange affectif parle biais de l´imitation. De ce fait, le bébé imiterait plus volontiers les personnes avec qui il aurait une relation affective plus forte, car c´est pour lui un moyen d´échanger et de communiquer avec ses partenaires privilégiés.

2 – LE CADRE THEORIQUE

2-1 –La coordination inter-sensorielle et l´acquisition d´un shéma corporel in utero

MELTZOFF et MOORE (1977, 1983) ont étudié les...