Colloque sur l'écriture du mal: sabato, paz soldan, roa bastos
2Outre le fait que ces interventions ont comme thématique commune le Mal en tant que représentation littéraire, elles nous invitent à parcourir trois aires géographiquesd’Amérique latine : l’Argentine, le Paraguay et la Bolivie, du moins par la résonance des auteurs traités, en l’occurrence Ernesto Sábato (El túnel), Augusto Roa Bastos (Cuentos completos) et Edmundo Paz Soldán (Los vivos y los muertos).
3Ce dernier, dans sa conférence inaugurale, revient sur l’élaboration de son roman, rappelle les circonstances dans lesquelles il a été écrit et apporte un certain nombred’éclairages fondamentaux quant à la compréhension aussi bien du texte lui-même que des personnages-clés qui l’animent.
4Pierre Lopez ensuite s’arrête à considérer quelques occurrences de la structure binaire du roman d’Edmundo Paz Soldán. Partant de la définition, binaire et contradictoire que donne d’elle-même l’un des personnages narrateurs (Amanda), pour ensuite se centrer sur le coupleparadigmatique de Tim et Jem, les jumeaux au destin tragique qui ouvrent la série des morts qui jalonnent le roman, Pierre Lopez examine la complexité polyphonique mise en œuvre par l'auteur bolivien. Les multiples voix narratives s'organisent en un savant entrelacs de contrepoints et de connexions qui sont placés sous le signe de la binarité : homme/femme, masculinité/féminité,apparences/faux-semblants... Le thème du double et du masque, qui caractérise tous les personnages et les relie entre eux, est transcendé par l'un d’entre eux, Amanda, qui parvient à percer le mystère de la gémellité. L'association du thème du double et du thème du mal permet finalement de dégager une constante du roman de Paz Soldán, celle de l'horreur dans laquelle évoluent les personnages qui vivent dans la bourgadepaisible –en apparence seulement- de Madison, une ville imaginaire des Etats-Unis.
5Cette ville imaginaire des Etats Unis, Erich Fisbach va nous en préciser les contours dans sa réflexion sur les différents espaces qui construisent les cadres dans lesquels évoluent les personnages. Après avoir abordé la notion d’espace dans les romans antérieurs de l’auteur bolivien et avoir signalé l’écart que Losvivos y los muertos creuse avec l’ensemble de la littérature bolivienne –habituellement soucieuse d’interroger la réalité nationale- Erich Fisbach révèle ici comment un espace urbain fictif parvient à représenter, avec une étonnante vraisemblance, la réalité d’une société abattue par l’ennui et secouée par la violence. Dessinant une véritable carte du vide, l’auteur de cette communications’attache à rendre compte de la façon dont Edmundo Paz Soldán traite la géographie de l’upstate New York et fait de Madison un lieu que l’on aspire à fuir, quand on n’y meurt pas. L’analyse, en fin de parcours, investit d’autres espaces, virtuels cette fois, qui, dans le récit, superposent leurs réseaux de communication à l’espace géographique marqué du sceau de la solitude et de l’ennui.
6Karim Benmiloudenfin envisage d’aborder la représentation littéraire du Mal dans Los vivos y los muertos à partir de l’omniprésence de la mort, paroxysme du Mal. Il tente, dans une féconde exploration du roman, d’en décrypter les signaux qui, selon lui, sont reliés autant à une tradition littéraire et artistique américaine, qu'à une culture contemporaine populaire, américaine également, toute de...
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