Dissertation

Dissertation

Genre noble par excellence, la poésie ne s’intéresse qu’au Beau. Quoiqu’elle ait subites diverses révolutions esthétiques, celles-ci restent sur le plan formel. La poésie demeure donc, jusqu’au Romantisme, un genre très codifié. Paradoxalement, Victor Hugo définit la poésie comme « [...] ce grand jardin […] où il n’y a pas de fruit défendu ». Ainsi, selon Hugo, la poésie estl'espace de la liberté absolue où aucun sujet ne peut être jugé inconvenant, aucune forme ne peut être disqualifiée. Mais donc qu’est-ce la poésie, est-elle vraiment ce domaine de liberté, ou au contraire, est-elle un monde de contraintes?

Nous aborderons la problématiques en trois parties : Certes, la poésie est un genre très contraint. Cependant elle a mené historiquement, une longue lutte pourun acquérir un espace de liberté absolue. Or le seul critère de définition de la poésie reste la quête du Beau.

Dans une première partie nous étudierons en quoi la poésie est un genre très contraint.
Le genre poétique a une origine musicale. Dans la Grèce Antique, la poésie était chantée. Ce genre, par sa musicalité, a donc beaucoup de contraintes sur le plan formel : le vers, la rime, lastrophe et les différentes formes poétiques codifiées (sonnet, ballade, etc.) la distinguent bien souvent des autres genres car cette musicalité contribue aussi à son esthétique. La versification est un ensemble de contraintes que se donne le poète afin d’obtenir certains effets liés au sens du poème. C’est lors de la Renaissance, que la Pléiade, un groupe de cinq poètes dont Du Bellay et Ronsard,définit les « normes » de la poésie française. S’inspirant de la Grèce antique grâce à la redécouverte de manuscrits, la Pléiade voulu créer une poésie nationale égale aux Classiques. C’est avec ce but, qu’elle a définit les normes de la poésie française, d’où l’invention de nouvelles formes et l’utilisation de l’alexandrin, qui devient par la suite le vers français noble par excellence. Le sonnet,par exemple, est une forme fixe inventée par Pétrarque et reprise au XVI par les poètes de l’école Lyonnaise et de la Pléiade. Mais c’est la poésie classique qui va imposer les règles de la versification avec François de Malherbe.
Or, la poésie n’est pas seulement contrainte formellement. Elle l’est aussi thématiquement. Jusqu'au XIXe siècle, tous les thèmes ne sont pas abordables pour lespoètes. La poésie, étant considérée comme un genre « noble », doit conserver cette noblesse même à travers les sujets qu’elle traite. Dans La Chanson de Roland, c'est le geste héroïque de Roland qui est célébré et le poème tout entier cherche la mise en valeur du héros épique. Quand la poésie traite de sentiments personnels, elle doit quand même restée dans une image dite noble du lyrisme. De cettefaçon, les poètes de la Pléiade comme Ronsard ou Du Bellay qui introduisent des sentiments dans leurs poèmes s’appuient beaucoup sur la mythologie grecque. Ainsi, la grandeur de la poésie passe par la noblesse des sujets qu'elle évoque. À la Renaissance, les thèmes qui sont dits «matière à poème » se confinent à la nature, l’amour, la mort et la fuite du temps. Ces thèmes doivent être exprimés soit defaçon lyrique comme les poèmes de Pierre de Ronsard, soit engagée (surtout religieusement, ce que l’on voit dans les poèmes de Ronsard qui s’opposeront à ceux de Théodore Agrippa d’Aubigné), et un vocabulaire « noble » doit être utilisé. Par exemple, dans le théâtre Classique qui est écrit en vers, donc de manière poétique, l’œuvre de Racine, Phèdre (1677), enchaîna une grande polémique par samention d’un « chien », un mot et un élément qui n’étaient pas vus « nobles ».
Ces contraintes, qui originellement servaient à élever la littérature nationale au même niveau que les Classique, pendant la Renaissance, se sont trouvées peu à peu contestées. Les poètes vont tenter pendant les siècles à venir, de s’en libérer pour étendre l’horizon de possibilités de leur art poétique.

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