Existe t-Il Une Articulation Optimale Entre Politique Monétaire Et Politique Budgétaire ?

Existe t-il une articulation optimale entre politique monétaire et politique budgétaire ?

Alors que la crise des dettes souveraines continue à menacer les économies du Sud européen (Portugal, Espagne, Grèce) et fait craindre un risque d'implosion de la zone euro, il convient de s'interroger sur les mécanismes et leviers macro-économiques susceptibles de sortir le vieux continent de ce cerclevicieux entretenu par une faible croissance de la production et un chômage de masse persistant. Il apparaît donc nécessaire de pouvoir utiliser le plus efficacement possible tous les outils de la politique économique. Mais, existe t-il une combinaison efficace, c'est à dire porteuse de production et réductrice de chômage et d'inflation, entre la politique budgétaire à discrétion des gouvernementsnationaux et la politique monétaire dont les leviers sont détenus par la seule Banque Centrale Européenne (BCE), indépendante et dont le mandat étroit pourrait s'opposer aux objectifs d'une reprise durable ? Nous nous intéresserons donc dans un premier temps au cadre théorique général régissant l'utilisation d'un policy-mix avant d'en analyser l'efficacité au sein de la zone euro, union monétairespécifique où les détenteurs de la politique monétaire et de la politique budgétaire ne sont pas les même acteurs.
Le policy-mix est défini comme le « dosage » réfléchi de la politique monétaire en relation avec la politique budgétaire dans le but de fournir une réponse globale et efficiente pour stabiliser l'économie. 
Le policy-mix relève donc de la gestion de la demande - où le taux d'intérêtjoue un rôle considérable - et s'inscrit le plus souvent dans un cadre d'analyse IS-LM, modèle qui retranscrit les composantes de la pensée keynésienne en termes néo-classiques. Ainsi, en économie fermée, une politique monétaire expansive viendra efficacement limiter la hausse du taux d'intérêt entrainée par un plan de relance de l'économie c'est à dire par de forts investissements publics dans lecadre d'une politique budgétaire expansionniste. L'économie sera ainsi, selon cette logique keynésienne, re-dynamisée par une intervention publique augmentant la consommation et donc la production tout en apportant des liquidités supplémentaires par une politique monétaire accommodante qui limitera l'effet d'éviction.
Cette situation d'allure simple s'estompe dans le cas d'une économie ouverte.Dans ce cas, certains auteurs comme Robert Mundell estiment que les cibles et objectifs des différents instruments économiques doivent être distincts : ils préconisent l'affectation de la politique monétaire à l'équilibre externe (stabilisation du taux de change) et l'affectation de la politique budgétaire à l'équilibre interne (stabilisation de l'activité). Pour le Prix Nobel d'économie unetelle affectation différenciée est nécessaire du fait de la mobilité des capitaux internationaux dans une économie ouverte.
Ce principe a cependant lui-même susciter deux critiques majeures qui trouvent particulièrement à s'appliquer dans la zone euro. Ainsi, en premier lieu, en raison de la mobilité des capitaux, il y a incompatibilité entre un taux de change fixe et une politique monétaireautonome comme R. Mundell l'avait lui-même démontré avec la théorie du triangle d'incompatibilité développé dans les années 60. Ceci revient à dire que la stérilisation des flux de capitaux est impossible lorsque leur mobilité est parfaite. De plus, les prix n'étant pas fixes, la politique monétaire aura nécessairement comme autre objectif de les stabiliser. Il peut cependant y avoir contradiction entreles deux objectifs ainsi affectés à la politique monétaire. Par exemple, une politique dépréciation affectera la stabilité des prix à l'importation directement ou par répercutions s'il s'agit de biens intermédiaires servant la production du produit final. Si on contraire, les autorités monétaires optent pour une politique de change fort, le prix des exportations sera affecté mettant ainsi...