Traduccion Al Francés De Manuel Scosza

- Ne sois pas bête, Suplicia – s’exclama Melecio Cuellar – Ils ne le voient pas ! Garabombo peut manger et dormir à son gré. Et il urinera sur les gardes s’il le veut. Ils croiront qu’il pleut !
-Ils penseront plutôt qu’un putois est passé – grogna Corasma.
- Il descend l’escalier – susurra Oswaldo Guzman.
Ils gelaient pendant le temps qu’employa Garabombo pour surgir à nouveau au pied dela porte. Il sortit enfin du Poste. Il s’arrêta au bord de la place, regarda les chinchinos et se pesa les testicules avec orgueil. Il était très courageux, mais vaniteux. Le soleil mourant polit sonvisage osseux, les lèvres épaisses, la moustache pauvre, ses cheveux en bataille.
Et même Corasma ne parvint à s’interdire un tressaillement d’admiration, destitué par l’angoisse. Sur le mêmetrottoir avançait un peloton qui arrivait d’être relevé sur le pont desormais surveillé nuit et jour ! Garabombo se fixa contre la pile. Les gardes traversairent sans le voir ; méprisant un garde enretard, Garabombo marcha jusqu’où expirait le soleil.
Une joie sans frontière l’envahit ! Garabombo était vraiment invisible ! Garabombo était transparent ! Aucune sentinelle ne percevrait ses mouvementsde cristal ! Le rigoureussime état de siège implanté en Cerro de Pasco était inutile. La répression échouerait. En vain les détachements clôturaient les chemins ; en vain l’armée avait établi unnouveau quartier dont les mitraillettes voyantes effrayaient le défilé de Huariaca, à plus de quatre mil mètres d’altitude. Il y avait des mois que personne ne circulait sans laisser-passer. Personne,sauf les invisibles ! Parce que qui controlerait un homme transparent ? Mais soudainement la multitude recula. Passant outre l’abri de l’angle de la rue, Garabombo enfila jusqu’à la Souspréfecture,quartier général du coronel Marroquin, chez de l’ « Opération délogement ». Que prétendait Garabombo ? Pénétrer l’immeuble aux murs bleus clairs y aux portes bleues depuis lequel le colonel Marroquin...